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Dernier requiem pour les Innocents · Andrew Miller

Si tu m’avais dit, il y a quelques années, qu’un roman ancré dans le 18e siècle, au cimetière des Innocents, à Paris, m’intéresserait, je t’aurais répondu: « Y’a aucune chance! Je passe mon tour. » Le billet tentateur d’Athalie, tombé à point, me confirme qu’il ne faut jamais dire jamais! Me v’la plongée dans Dernier requiem pour les Innocents.

1785, Paris. Le cimetière des Innocents cause problème: les morts poussent contre la terre, s’immiscent dans les caves du voisinage. Un air nauséabond enveloppe le cimetière et ses alentours. Même la nourriture s’imprègne d’un goût pestilentiel. Il faut agir, et vite. Jean-Baptiste Baratte quitte son Bellême, en Normandie. Ce jeune ingénieur des Ponts et chaussées se retrouve au château de Versailles et se voit confié par un ministre du roi la mission de démolir le plus ancien cimetière de Paris. Il devra superviser le transfert du cimetière, déplacer les fosses communes, les tombes, et détruire l’église. Jean-Baptiste veut faire ses preuves. Il voit là une tâche à la hauteur de son ambition, même si la tâche s’annonce titanesque. Pour l’aider dans sa besogne, il s’entoure d’une trentaine de mineurs qu’il fait venir de Normandie. L’opération dure un peu plus d’un an, un an pendant lequel les péripéties et les rebondissements s’accumulent.

Dès la première rencontre de Barratte à Versailles, de son installation chez ses logeurs à ses premiers pas dans le cimetière, j’étais captivée. J’ai vite été accroché par l’écriture d’Andrew Miller. Il réussit avec une grande habilité à recréer l’atmosphère de l’époque. La faune vivant autour du cimetière est grouillante; les petits boutiquiers, artisans, lavandières, notables fourmillent de vie. C’est merveilleux de sentir le lieu et son histoire prendre vie à ce point. Dernier requiem pour les Innocents se sent, il s’hume même, tant tout y décrit avec détails et précision. Écrit par un Anglais, divinement bien traduit, ce roman historique à la documentation impeccable ne m’a pas laissé de répit.

Dernier requiem pour les Innocents, Andrew Miller, trad. David Tuaillon, Piranha, 2014, 300 p.

Rating: 4 out of 5.

18 comments

  1. ah ! tu m’avais parlé de ce livre la dernière fois ! Mais oui ! Je le note et je vais aller à la bouquinerie voir s’il n’est pas déjà là – trop envie de le lire ! bon magasinage 😉

    1. Il ne peut que te plaire, celui-ci. J’en mettrais ma main au feu! Des romans historiques de cette qualité, et surtout avec un tel souffle dans les mots, j’en lirais n’importe quand.

  2. Moi non plus, à priori, je ne suis guère attirée par ce genre de roman. Mais bon, Athalie, toi… ça fait deux lectrices qui ont bon goût… ou plutôt qui ont des goûts en accord avec les miens…

    1. Je t’encourage à mettre la main dessus. Il existe aussi en poche. Mais si j’étais toi, je serais tentée de le lire en anglais. J’ai beaucoup aimé le style (la traduction, donc), vivant et coloré. Sans parler de l’histoire…

  3. Je tente encore de te laisser un commentaire, bloquée les dernières fois par WordPress comme non abonnée..
    j’ai noté ce bouquin, il me tente bienn !

    1. J’ai trouvé le problème. Vive Electra qui voit tout et a réponse à tout

      Ce roman m’a rappelé l’esprit du Parfum de Patrick Süskind. Ça remonte à loin… Ça te montre à quel point je lis peu de romans historiques!
      S’ils avaient tous le même souffle et le même intérêt que ce Dernier requiem, j’en lirais bien plus souvent.

  4. Je retrouve l’ambiance du livre de Jean Teule consacré à François Villon et de l’ambiance qui règnait dans les cimetières au temps jadis (activités très variées)….alors comme vous êtes deux que je suis à le recommander et deux dont j’apprécie la franchise de leurs ressentis…. Je note et j’irai déambuler entre les tombes… Euh les pages de cet ouvrage.

    1. Rien ne t’empêche de déambuler entre les tombes avec le roman en main Plus sérieusement, j’ai appris une foule de choses sur l’époque, sans que ça ne soit jamais lourd ni ennuyant. Ce n’était pas gagné. Du coup, je vais filer voir du côté de Jean Teule… Merci du filon

  5. Ce n’est pas le genre de roman vers lequel je me tourne habituellement mais ton billet est tentateur.

  6. Je l’ai aussi lu suite à l’article d’Athalie! Lecture inhabituelle pour moi aussi, pour la période et aussi parce que lire en anglais un livre avec que des personnages français qui parlent français mais en anglais … c’est la première fois que je fais ça et c’est une expérience de lecture très bizarre! J’ai moi aussi apprécié les détails et le rythme enlevé, mais j’ai trouvé malgré tout que le côté mystérieux était un peu artificiel.

    1. Je n’avais pas pensé à la traduction… J’imagine l’étrangeté de l’expérience!
      Je ne me souviens pas du côté mystérieux. Serais-je restée trop près du ras des pâquerettes?

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