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En finir avec Eddy Bellegueule · Édouard Louis

Dans Rue Duplessis, Jean-Philippe Pleau évoque souvent Annie Ernaux et Édouard Louis. Si les écrits de la lauréate du prix Nobel de littérature m’intimident trop pour m’y frotter, j’ai décidé d’aller fureter du côté des mots d’Édouard Louis. Et, tant qu’à m’y mettre, j’ai souhaité bien faire les choses et y aller dans l’ordre.

J’ai plongé dans En finir avec Eddy Bellegueule après avoir beaucoup lu et entendu à son sujet. Autofiction ou roman autobiographique? Rendu là, on ne chipotera pas sur les mots. Qu’importe le qualificatif, du moment qu’une histoire apparaisse et se tienne.

Parlons-en, de cette histoire. Terrible. Le mal-être suinte de partout. La volonté de rentrer dans le moule échoue. Les coups, les insultes. Et toujours ce sentiment d’être différent sans le vouloir. D’être inadéquat. Ne reste que la fuite. Considérant la suite, cette fuite lui sera salutaire.

Édouard Louis met son enfance sur la table, la dissèque avec moult détails. C’est cru, direct. L’écriture est brute, sans ornements. À la différence du roman de Jean-Philippe Pleau, j’ai senti de la rage et de la colère suinter du roman d’Édouard Louis. Une sorte de règlement de compte. J’ai l’impression que là où Jean-Philippe Pleau faisait la paix avec son passé, Édouard Louis crachait dessus. En finir avec Eddy Bellegueule m’aurait beaucoup plus enthousiasmée si je n’avais pas eu le privilège de lire Rue Duplessis. Une lecture grandement appréciée, mais trop biaisée par mon emballement pour le roman de Jean-Philippe Pleau.

La fuite a été la seule possibilité qui s’offrait à moi, la seule à laquelle j’étais réduit. J’ai voulu montrer ici comment ma fuite n’avait pas été le résultat d’un projet depuis toujours présent en moi, comme si j’avais été un animal épris de liberté, comme si j’avais toujours voulu m’évader, mais au contraire comment la fuite a été la dernière solution envisageable après une série de défaites sur moi-même. Comment la fuite a d’abord été vécue comme un échec, une résignation. À cet âge, réussir aurait voulu dire être comme les autres. J’avais tout essayé.

En finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis, Seuil, 2014, 220 p.

Rating: 3 out of 5.

8 comments

  1. J’ai été marquée par ce livre, lu à sa sortie, et j’ai aimé, plus récemment, un des titres qu’il a consacré à sa mère, Combats et métamorphoses d’une femme. Et il n’y a pas de quoi être intimidée par Annie Ernaux, au contraire ! Essaie La place, c’est un titre très court, et à la fois très simple (mais profond) et très beau …

    1. Je suis aussi marquée, mais sur le même thème, comme je l’explique, Rue Duplessis éclipse tout! Depuis, j’ai lu Combats et métamorphoses d’une femme et Monique s’évade. Là, je suis époustouflée. J’aimerai devenir amie avec Monique!
      Merci de me rassurer pour Ernaux! Je compte faire une LC avec Electra.

  2. Je dirai en gros la même chose qu’Ingannmic ^-^ : ce texte a été pour moi une vraie claque à sa sortie, j’ai moins aimé le suivant Histoire de la violence. Et si tu continues tes lectures de cet auteur, tu verras qu’il s’apaise et se reconcilie avec son passé. J’ai lu récemment Changer méthode, qui est plus réflexif.
    Pour Annie Ernaux, même conseil qu’Ingannmic aussi !

    1. Je compte bien suivre votre conseil et explorer du côté d’Ernaux, en mettant mes a priori de côté.

      Depuis cette lecture, j’ai lu deux autres romans d’Edouard Louis et, tu as raison, il s’apaise et se réconcilie avec son passé. Mon prochain: Changer méthode.

  3. Je te conseillerais plutôt Annie Ernaux, qu’il ne faut pas craindre, comme le dit Ingannmic… son écriture est facile à lire, sans facilités d’écriture… Quant à Edouard Louis, je n’ai lu que celui-ci, le premier dont tout le monde parlait, et j’ai trouvé qu’il exagérait les mauvais côtés et que ça sentait trop le règlement de comptes (j’ai relu aussi les commentaires sous mon billet, c’est intéressant)

    1. C’est noté, j’irai faire un tour du côté d’Annie Ernaux. Mes craintes sont de toute évidence infondées!

      J’ai aussi trouvé que le règlement de comptes suintait du roman. Depuis, j’ai remis ça avec deux titres. La colère semble avoir laissée place à l’apaisement.

  4. Je l’ai lu à sa sortie, et à l’époque, oui c’était une claque. Mais il était très jeune, n’avait pas eu le temps de mûrir et de prendre du recul. Je n’ai pas lu ses autres romans, j’attends de lire tes avis sur ceux que tu as lus. Toujours partante pour une LC sur cette fameuse Annie …
    Je suis contente de pouvoir t’écrire ces quelques mots, ces deux dernières semaines, j’étais quasiment jamais au bureau, à courir sur deux chantiers et rentrer tard le soir, j’ai un rhume et je dors mal. Bref, hâte de pouvoir souffler ! Hâte d’être de ton côté de l’Atlantique 😉

    1. J’ignorais que tu avais lu ce roman français! Je sais que tu es très difficile de ce côté. C’est vrai qu’il était très très jeune lorsqu’il l’a écrit.
      Je suis désolée de découvrir ton état. Vivement l’automne et tes vacances! D’ici là, prends du mieux, le plus possible.

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